De l'éducation des garçons
Je m'évertue à le lui répéter sur tous les tons depuis qu'il a cessé d'être petit, ça fait quand même assez longtemps: si tu n'as pas été sucé par une divorcée, tu n'as jamais été sucé. Est-ce qu'il m'écoute? No way. Bon. Tant pis pour lui, tant mieux pour moé. De mon temps, les adolescents rêvaient d'être initiés par une femme mûre et expérimentée. Aujourd'hui, ces petits connards parlent de MILFs (Moms I'd Like to Fuck), ou pire encore (j'ai lu ça intitulant le plus charmant clip cochon dans lequel une chaude nana civile relaxe et s'amuse toute seule solo comme une grande Oh trente-cinq max et se malaxe), de Fuckable Mature Slut!!!
Je veux dire: il n'y a qu'un très jeune homme pour écrire ça, non? Fuckable, ça pourrait être n'importe qui, Slut aussi, mais Mature? Voilà, toute graisseuse de pizza en poche, la signature d'un jeune homme occidental que la puberté et la frayeur du Y2K ont frappé en même temps il y a cinq ou six ans. Fuckable? Sans soupçon de ce qu'il pourrait apprendre d'elle, ni de ce qu'il ignore, donc sans désir ni conception, très zen au fond, pauvpetitcon, il continue de se tirer des idiotes de seize ou vingt balais, jusqu'à 29 ce sont des plaies, il pense qu'il fout mais il fout rien, ça fera pas des enfants forts, ni fort nombreux, et ceux qui seront faits néanmoins, comment c'est qu'ils baiseront, ces anti-avortons? De la même façon que ma génération mal élevée fournit son quota de profs enthousiastes et ignorants comme des cruches, qui construisent des kids creux comme des bienheureux et ainsi de suite (principe de perte qui s'applique à la photocopie, au clonage, à tout ce qui reproduit une reproduction!), mes petits-enfants, si j'en ai, seront chanceux de tomber sur un vieil exemplaire pilonné de The Joy of Sex illustré à la sanguine et mettant en scène une femme et un hippie poilu hirsute ardent. Autrement, à force de grandir dans un monde hérité des Boomers, donc supposément libéré sexuellement, non seulement ils intégreront l'équation sexe=mort et/ou sexe=pédophiles et continueront de se tourner les uns vers les autres de plus en plus jeunes (savez-vous à quel âge moyen vos jeunes baisent maintenant?), mais ils s'instruiront les uns les autres en matière amoureuse: douze, treize, quatorze ans, s'instruisant mutuellement! Et pourquoi pas la philo, aussi, et la biologie moléculaire?
Treize ans, c'est trop jeune pour baiser, tout le monde le sait, même nous à treize ans on le savait. Mais bon, c'est pas mortel. Quatorze, c'est mieux. Faire attendre un gars jusqu'à seize ans, c'est dangereux. Les filles, je sais pas. Ce que je sais, c'est que faire sautiller ensemble tous ces poussins ignorants dans le même périmètre à rut, c'est retourner loin, loin derrière d'un seul coup, et sans même faire la dépense d'une bombe atomique: retourner avant le Siècle des Lumières, transpercer la Renaissance, remonter passé Shakespeare et Cervantès, filer tout droit sous le nez des chevaliers, sous le tarin de Chrétien de Troyes qui se mouche tandis qu'il invente la galanterie, et c'est débouler plus loin toujours, et plus profondément dans l'obscur, jusqu'aux moeurs recréées dans La Guerre du Feu, quand tout restait à inventer, quand fourrer face à face faisait figure de fantaisie, voire de folie furieuse et à coup sûr de superflu.
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