15.3.04

La vie est ailleurs

Depuis qu'il est question qu'Antoine s'en vienne de ce côté de la grande soupe, je me surprends souvent à porter un regard renouvelé sur ma société, ses idiosyncrasies prises pour acquises jusqu'à ce qu'on cesse de les remarquer, ses charmes et ses avantages et ses infirmités honteuses. À quoi servirait qu'il traverse si c'est pour fuir aussitôt, tonnant et sacrant en grec ancien, par le premier vol vers Sydney ou San Francisco? Mieux vaut, je calcule, le préparer au pire.

Ainsi, au cas où il croirait encore à l'Amérique, à l'individu, au génie, à l'art, au mérite et autres fadaises, j'ai découpé cette petite annonce épinglée sur le site de Télé-Québec, notre réseau d'État:

Concours jeunes scénaristes
Date limite: 15 mars


Vous êtes en secondaire 3 ou 4 et vous avez la tête pleine d'histoires? Demandez à vos professeurs de vous inscrire, en équipe de 2 à 5 personnes, au Concours jeunes scénaristes portant sur le dialogue interculturel.

Faites vite! La date limite d'inscription pour les écoles est le lundi 15 mars à 17 h.

Pour participer, rédigez un scénario de deux pages sur le thème «Venir d'ici ou d'ailleurs, quelle différence?» Vous aurez peut-être la chance de voir votre texte scénarisé et réalisé par des professionnels.

Misère. Misère! MISÈRE! C'est à Moscou, à Budapest, à Prague qu'il faut aller pour créer à l'abri des comités, des sujets imposés, des enculés de mangeux de marde d'ingénieurs sociaux! Qui dit que nos jeunes sont mous? Qu'ils ne cultivent plus le style? À quoi bon puisqu'on leur offre la CHANCE DE VOIR LEUR SCÉNARIO SCÉNARISÉ PAR DES PROFESSIONNELS?

Ce Québec issu de la révolution tranquillement bouffe ses enfants. Petite province qui singe le laïcisme des vieilles républiques sans cesser de s'en remettre à la Providence, celle de l'État, tas de pissous rassemblés frileusement comme des pingouins sur la banquise, montrant leurs culs au vent, claquant du bec, pervers Québec, ogre hypocrite et pédophile qui voue un culte à l'enfant-roi, à l'enfant-rare, à l'enfant-pâte à modeler en citoyen modèle, Québec écumant aux babines cependant qu'il la fout bien profondément dans le cul de ses enfants innocents, les baisant tôt et longtemps avant qu'ils ne s'éveillent si bien qu'ils dormiront toujours, petit pet de pays pourri, je te conchie et je remercie le sort que mon kid soit un bum tête-de-pioche dont les rêves sont imperméables à cette réalité.