16.12.03

V!

Au Salon du livre, j'ai causé quelque peu avec Jean-Pierre Charbonneau, là avec sa femme et sa fille, à qui j'ai dit: «Quand j'ai rencontré votre père, j'étais plus petit que lui». C'était à Saint-Marc: il se présentait aux élections. À Charbonneau, j'ai réitéré mon admiration et raconté comment, quand je suis arrivé au Devoir, on m'a montré le trou de la balle qui lui était destinée. J'en ai profité pour aborder un ou deux sujets qui me préoccupent...

Mohamed Lotfi m'adresse cette transcription d'un dialogue ayant eu lieu tard jeudi soir dernier, onze décembre, à l'Assemblée Nationale, entre le député de Borduas et le Ministre de la sécurité publique:

Charbonneau: ... Mais avant de lui permettre de répondre à ça, je voudrais lui demander si c'est possible, et je sais qu'il est très sensibilisé au dossier, je lui en ai encore parlé tantôt, mais il y a un petit projet qui dure depuis presque 14 ans, à la prison de Bordeaux, un projet de radio communautaire qui s'appelle le Souverains anonymes , et le Souverains anonymes , ce n'est pas la souveraineté du Québec, mais je pense, c'est la souveraineté des individus qui sont concernés, et une décision, semble-t-il, à la fois de la direction d'établissement puis du comité paritaire, fais en sorte qu'on remet en cause ce projet-là qui, pour lesquels beaucoup de gens, non seulement de la prison de Bordeaux au fil de toutes ces années qui ont passées, parce qu'on sait qu'à la prison de Bordeaux, c'est des peines de moins de deux ans. Donc, beaucoup de gens ont passé à Bordeaux, ont bénéficié de ces services-là, de cette intervention-là, mais également beaucoup d'artistes, beaucoup de personnalités, politiques même, des deux côtés de l'Assemblée, ce sont associés à ce projet-là. Et, ce que je voudrais demander au ministre, c'est est-ce que, sur 59 millions, il est capable de trouver 30 000 $ dans son ministère par année pour assurer la pérennité de ce projet-là et faire en sorte que finalement la radio communautaire de la prison de Bordeaux puisse survivre?

Et je suis convaincu que, si cette fois-ci il prenait le risque, malgré la présidente du Conseil du trésor qui le surveille en arrière, de nous dire oui, il ferait beaucoup d'heureux avant Noël, ce qui compenserait... ce qui compenserait les milliers de personnes malheureuses aujourd'hui dans nos rues.

La Présidente (Mme Leblanc): M. le ministre pour votre réponse.

Chagnon: Alors, Mme la Présidente, c'est assez curieux, puis je l'ai dit tout à l'heure, notre collègue le député de Borduas est assez original. Il me demande en fait, pour la première fois, de prendre de l'argent de la police pour le mettre en prison. Pas la police, l'argent.

Mais je dois, je dois vous dire bien franchement, puis il n'y a pas de candeur là-dedans parce que c'est vrai que le député de Verchères en a parlé, le député de Gouin aussi m'en a parlé, des collègues m'en ont parlé, la députée de Fabre m'en a parlé... La députée de Maisonneuve a été aussi cosigner dans ce dossier-là, et donc il y a plusieurs collègues de l'Assemblée qui ont, qui m'ont parlé de ce sujet-là.

J'ai moi-même parlé à M. Mohammed Lofti qui est le, le producteur de l'émission et en fait nous avons convenu ceci. L'émission comme telle va fonctionner jusqu'au mois de mai et, au moment où on se parle, effectivement elle s'arrête le 13 de mai. Mais j'ai dit à M. Mohammed Lofti, comme je vous l'ai peut-être dit – si je ne l'ai pas fait, je le dis comme je le fais actuellement – je compte aller visiter Bordeaux après les Fêtes et en discuter avec le directeur de Bordeaux.

Et je vous annonce une chose. Je vais aller à Bordeaux, savez-vous avec qui? Avec la présidente du Conseil du trésor, qui m'a demandé d'être invitée pour aller faire la visite. Alors...

Charbonneau: Je vous fais une offre que vous ne pourrez pas refuser. Je vous fais une offre que vous ne pourrez pas refuser. Je suis convaincu que, si vous voulez... D'abord, je vous offre d'aller visiter Bordeaux avec vous et avec la présidente du Conseil du trésor, premièrement.

Deuxièmement, vous pouvez ce soir... Et les collègues ministres qui sont à vos côtés, dans leur budget discrétionnaire, pourraient très bien vous donner la garantie que cette radio communautaire va être sauvée. C'est tout ce que les gens demandent.

Je vois le grand sourire du ministre des Affaires municipales qui sans doute est prêt à mettre 10 000 $ dans la cagnotte. Sans doute la présidente du Conseil du trésor pourrait faire la même chose, et que le ministre des Finances à côté pourrait mettre 10 000 $ de son discrétionnaire, qui, je pense, est assez élevé.

Chagnon: Le vôtre aussi pourrait faire partie de ça. Mais une chose est certaine. Honnêtement, honnêtement, nous allons regarder très positivement ce dossier-là et, comme je vous l'ai signalé, après les Fêtes, après avoir rencontré... Il dit oui, il dit oui. Ah, ils disent oui. C'est oui.

La Présidente (Mme Leblanc): Mais c'est tout de même assez surprenant, dans une étude de crédits comme ça, que le ministre accepte de modifier son budget à la faveur de l'opposition...