Les gens qu'on aime, le temps qu'il faut
Deux soirs de file avec mon grand petit, Sakurako un long midi, et puis des sous inattendus, presque tout baignant dans l'huile, y compris les frites du connard du dessous, qui ont déclenché les stridentes sirènes d'alerte pour la seconde fois en cinq jours.
Allé jouer au pool avec mon kid. Même descendu quelques Bloody Caesars avec lui, abstème entre tous. Ai numérisé, puis gravé les photos de lui, enfant, qu'il désire offrir à sa blonde curieuse. Le CD-ROM, trop léger, on l'a aussi chargé de ses poèmes de jeunesse, de MP3, du Sex de Madonna et de mes séquences pornographiques d'élection. Il m'a poliment offert de m'apporter les siennes, la fois prochaine.
On a parlé de choses neuves pour nous. De sa mère. Il a parlé, surtout, et son ton me plaisait: les sons mûrs qui y apparaissaient. J'aurais voulu me taire davantage, lui poser moins de questions, mais il fallait que j'aille au fond de cette tristesse qu'il me révélait pour la première fois. Je lui ai appris, dictionnaire à l'appui, les mots équanimité et spleen, afin qu'il puisse mieux nuancer ses confidences. Et il m'a appris que je suis imprévisible même à ses yeux, ce qui m'a médusé.
Sakurako. Nous avons eu un accrochage électronique. J'ai passé les quinze dernières heures à imprimer du papier et à emballer ses cadeaux de Noël. Je suis presque défâché; d'ici minuit ce soir, il n'y paraîtra plus trop.
Anne Archet s'est soustraite au giron chaud de sa blonde et à la froide étreinte du Crabe pour nous écrire quelques phrases amicales et vigoureuses. Et mon Antoine s'est acheté une cravate qu'il étrenne ce soir à Bordeaux en présence de gens d'argent et de science: je donnerais cher pour le voir aveugler ces sourds avec, et dessiller leurs yeux à grands renforts de discours enchanteurs parce que désespérés.
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