Se résoudre. Se dissoudre.
Dépeuplé, mon Eden illusoire, levé comme un camp de forains, parti avec ses fêtes et ses vertiges et son chapiteau chamarré, planter ses tentes au coeur d'un autre monde. Je reste là au centre d'un grand cercle de sciure, je n'ai que blasphèmes à la bouche, que jurons esquissés sans colère ni conviction, avortons de mots sacrés que je laisse choir de mes lèvres vers le sol désertique, un soliloque de malédictions murmurées qui ne s'adressent à rien ni personne et fondent comme flocons d'octobre avant même que d'exister, et je suis sonné comme un vieux boxeur dans un ring soudain si vaste, suspendu entre deux secondes qui sont des heures, je suis un carcajou qui succombe à sa rage d'incisives, je suis un sot déshabillé, sinistré en plein espace et stupéfait jusqu'au silence par la soudaine, la sauvage, l'insondable vacuité cyclique de son univers insane.
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