JEÛNE
Le jeûne du génie est la nourriture;
II peut tremper l'âme des fortes natures,
Cet acier si noble que rien ne l'altère,
Rien qu'un regard de femme à la beauté austère.
Au nom d'un idéal j'ai ravalé ma faim,
Comme cela est triste et comme c'est divin;
J'ai choisi de frustrer mes violents appétits
Et d'élever mon art au niveau des petits,
Mais vous êtes venue, ma seconde chimère,
Aisément de mon coeur évincer la première
Et je mange à nouveau, je m'empiffre et me livre
Tout entier à la table du bonheur de vivre.
Si votre chasteté ne connaît point de trève,
Je vous ai plus d'un soir chevauchée dans mes rêves
Et ce que l'âme y perd en éclat métallique,
Elle l'y gagne en joie délicate et pudique.
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